Lettre ouverte à 2016


illustration : Niv Bavarski


Oh 2016 2016

Tu n'as pas été très cool dis-moi. 

Pour commencer, tu as décidé que Bowie allait nous quitter. Tu as brisé mon petit palpitant. Profondément Quand je vois tous les musicos que t'as convié là-haut, ça doit pas mal swinguer. Puis tu ne t'es pas arrêtée. Alep, Istanbul, Bruxelles, Orlando, Bagdad, Nice, Berlin... Tu nous as imposé les morts façon 49.3. Même Vine nous a quitté. À croire qu'un spin-off de GoT était de rigueur pour cette année. 
Oh 2016 2016, tu avais des airs de 1950 parfois. Tu t'es dit que laisser les femmes disposer de leur corps en toute liberté n'était pas ta tasse de thé. T'as même voulu leur interdire d'avorter. Des Highland à l'Iowa, t'as voulu essayer de changer tout ça. Mais ta petite tentative de révolution rimait plutôt avec régression. En haut, en bas, à gauche, à droite (pour citer Yannick), tu as décidé que la tolérance n'était plus très tendance. L'amour entre les peuples c'est dépassé. Ah 2016 on te disait année de la baise mais tu étais plus occupée à déterminer ce qu'est l'identité française. 

Alors certes on pouvait daber, mais tu as cru que ça suffisait pour passer entre les mailles du filet ?

Et en plus on a perdu l'Euro.


Oh 2016 2016
JPP de toi


2016 2016, voyons, ne prends pas la mouche. Tu l'auras compris, ce n'est pas vraiment à toi que je m'adresse. Après tout 2016 c'est quoi ? Quatre chiffres qui ne veulent pas dire grand chose. 2016 c'est qui ?

C'est toi. Oui toi. Et puis le mec là-bas. À la fille à côté de toi. À ton voisin, ton boulanger, ton facteur. Aux gens que tu croises dans le métro. Les médias. Les personnes qui dirigent notre monde, puisque apparemment il en faut bien. C'est monde tout entier pendant que j'y suis. C'est moi-même un peu aussi. Parce que ce fameux deux-mille seize, cette année qui est devenue entité, que nous tenons responsable de tous nos maux, c'est nous qui l'avons créée. 



"L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait"

Jean-Paul Sartre

En somme rien n'est écrit. Je n'aime pas croire au destin. Ou lorsque j'y crois, c'est pour le meilleur. Je suis bien utopiste me direz-vous. Je n'ai pas envie d'imaginer le futur comme un épisode de Black Mirror. Mais la mythologie grecque n'existe pas, et je ne pense pas que quelqu'un a décidé au préalable de quelle façon le monde allait tourner - en tous cas pas les sondages, là-dessus nous sommes d'accord.  

Certes, il y a des choses auxquelles on ne peut rien. Certes, il y a des choses qui sont probablement dues au hasard, ou pour les plus superstitieux d'entre vous, au satané destin. Néanmoins, il est assez facile de se rendre compte qu'il est possible de faire bouger les trucs qui restent. Avec un peu d'engagement, une pincée de jugeote, de grosses cuillerées de tolérance et une bonne dose d'amour, je suis persuadée que "ce monde de merde" comme beaucoup gens qualifient notre situation actuelle peut-être bien moins merdique si l'on y met tous un peu du notre. Des gestes anodins. De petits actes. Un sourire. Voter.

Alors, let's dance, put on your red shoes et faisons les choses biens

❤︎


GIF : Jen Lewis

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