"Une grande partie du mouvement féministe est de permettre aux autres de faire des choix qu'on a pas réussi à faire nous-même"
Lena Dunham
Depuis toute petite je me proclame féministe. Je n'ai jamais considéré cela comme un "gros mot", contrairement à ce que certains médias peuvent laisser penser. En même temps j'ai baigné dans un environnement assez ouvert et cultivé, avec un schéma familial "inversé". Ma mère possédant un poste supérieur à celui de mon père, elle a toujours eu un salaire plus élevé. C'est également mon père qui était de repos le samedi, et qui ce jour là faisait donc le ménage et préparait l'hebdomadaire poulet rôti-frites-haricots verts (et il nous a toujours répété à mes soeurs et moi de tout faire pour être indépendante et ne dépendre de personne). En soit cela n'a rien de complètement fou et atypique. Mais il est indéniable que encore aujourd'hui, ce n'est pas la situation familiale la plus fréquente, bien que la norme sociétale évolue. Je vous raconte cela pour vous situer le contexte. Déjà gosse je déclarais que j'étais féministe, j'en étais fière. Sans savoir vraiment ce que cela voulait dire au final. Cela me donnait l'impression d'être une super héroïne. Il s'avère que depuis ce temps là, j'ai grandi et j'espère même murît. Je me définis toujours comme étant féministe.
Cependant mon point de vue sur la chose a bien évolué. En tant "qu'adulte", j'ai pris conscience de ce que cela impliquait, de par mes recherches mais surtout de par le fait que cela me touche beaucoup plus directement que lorsque j'étais une petite fille. Je me suis renseignée sur ce mouvement, j'ai tenté d'en comprendre les enjeux. Cela fait quelques temps maintenant que je m'interroge de plus en plus à ce sujet. J'ai lu pas mal d'articles et visionné plusieurs vidéos. J'ai même commencé à lire le "Deuxième Sexe" de Simone de Beauvoir. Heu, mais j'admets avoir rapidement décroché, ma cervelle n'étant pas prête à assimiler correctement toutes les informations (relativement complexes) contenues dans ce bouquin (et j'avoue que c'était stylé de lire cela dans le métro, bien que je ne captais pas grand chose). J'ai notamment appris qu'il y avait plusieurs "degrés" de féminisme. Je pense n'en être qu'au niveau le plus basique. Mais qu'importe. Je suis convaincue qu'être féministe cela s'apprend. Et que la parfaite féministe n'existe pas non plus (mais ça c'est une autre histoire)(et la perfection en générale = bullshit)(néanmoins je me mets toujours la pression là-dessus, brouf). Bien qu'étant un "bébé" féministe, j'ai déjà appris des choses, et surtout changé en partie ma vision du monde :
Je juge moins
Tout le monde juge tout le monde. C'est certain. On ne vit pas dans le monde des bisounours ou bien des télétubbies (quoi que heureusement car le monde des télétubbies est relativement effrayant quand on y pense)(perso j'étais Po). Il y a encore quelques mois, je faisais souvent des conclusions hâtives sur certaines filles qu'il m'arrivait de croiser. "T'as vu comment elle se comporte avec les mecs, c'est vraiment une chaudasse", "mon dieu elle s'est appliquée son fond de teint à la truelle", ... Et autres phrases bien senties du genre. À force de lire maintes et maintes choses sur le féminisme, je me suis rendue compte que quelque chose ressortait constamment : la tolérance ainsi que l'absence de jugement d'après les apparences et les actes. À quel moment, sous prétexte que je suis une fille, je serais moins blâmable qu'un vieux con arriéré, après avoir prononcé des phrases telles que "Elle est habillée comme une pute". Si la nana est bien dans sa peau, qu'elle n'est ni contrainte et forcée, et bien qu'elle s'habille de la façon dont elle le souhaite. Tant pis si je trouve cela laid. Ce n'est pas mon problème et c'est son droit. Désormais, à chaque fois que je croise une personne de manière générale, je m'efforce de chasser tout préjugé négatif de mon esprit. Faire fi des préjugés m'a également aidé à être mieux dans ma peau et à assumer de plus de choses. Accepter les autres permet de s'accepter soi-même.
Certains propos me dérangent de plus en plus
J'aime bien regarder des sketchs sur YouTube, comme pas mal de gens je pense. À force d'en visionner, je me rends compte que la majorité des blagues tournent autour des clichés homme/femme. Oui cela me fait souvent sourire. Parce que je suppose que les auteurs écrivent cela en connaissance de cause et avec beaucoup de second degré. Mais j'ai peur qu'une bonne partie du public prenne cela au premier degré. Du coup cela me fait un peu rire mimosa jaune. Mais il y a bien pire.
Récemment, alors que je me baladais sur Twitwi, je suis tombée sur une vidéo totalement aberrante (deux secondes plus tard je me mettais à écrire cet article pour tout vous dire). Elle ne durait que trente secondes, mais c'était un véritable ramassis de conneries. L'auteur de cette bouse (un énorme con qui m'est totalement inconnu) voulait s'insurger contre les "féministes de Twitter", et disait en guise de conclusion "grosses connasses vous vous dites féministes et femmes fortes et vous sucez des queues grosses chiennes" (ou grosso merdo une ignominie du genre). Je ne vais pas m'appesantir sur la bêtise, la vulgarité et l'ignorance de ces dires. Mais le fait est que cela m'a profondément énervée. Beaucoup plus que cela ne m'aurait énervée auparavant. J'ai de plus en plus de mal avec les propos machistes/sexistes, même si ils sont présentés comme étant des "blagues". Pourtant je ne suis pas la dernière personne à prendre un grand nombre de choses à la rigolade et à plaisanter de tout. Oui, plus le temps passe, plus ces allégations me débectent. Car la majorité des cons gens pensent ce qu'il disent. Les mentalités mettent du temps à changer. En effet, il faut un moment pour réussir à faire évoluer des décennies (voire des siècles) d'esprits formatés dans une société patriarcale. Si les gens continuent de déblatérer de telles inepties, ce processus va être encore plus long. Et cela a déjà assez duré. Merde.
Vous l'aurez compris, le féminisme occupe une grande place dans mes réflexions en ce moment. Cet article n'est donc pas le dernier sur ce très vaste sujet. N'hésitez pas à donner votre avis, à débattre et à me signaler si j'ai écrit des bêtises, en n'oubliant pas que je donne mon point de vu personnel sur la question !
Des poutous ❤︎
Bien le bonjour ! Ce sujet m'intéresse tout particulièrement ! J'ai écrit un billet à ce sujet à un moment; je me suis toujours posée mille & une questions. Suis-je féministe ?
RépondreSupprimerC'est en lisant Causette que j'ai commencé à m'interroger.
Puis à m'interroger sur la définition même du féminisme.
Après moultes recherches & lectures, je suis toujours aussi perdue.
Néanmoins je suis dans la même phase; je m'applique à ne plus juger mes concitoyennes. En début de semaine je me suis surprise à dire "mais non, pas elle, elle s'est maquillée comme une pute arrête"... Et j'ai instantanément eu honte.
Je me suis souvenue d'un article percutant, justement dans un Causette (j'te le retrouverai si ça t'intéresse) & depuis je fais drôlement attention.
Mais là où j'ai encore plus honte, c'est que ce n'est pas "inné" pour moi qui jure comme un charretier à longueur de journée.
Bref.
Je suis au niveau encore plus basique mais je veux en découvrir davantage; je pense que j'ai besoin d'échanger à ce sujet :))
Du coup désolée pour mon intrusion sur ton blog, juste le sujet m'intéresse tout particulièrement & je me sens moins seule en lisant ton billet !
Aha mais je suis ravie de ton intrusion, ne t'excuse pas au contraire, je suis ravie d'échanger à ce sujet !
SupprimerJe suis un peu dans le même cas, assez perdue sur le sujet (bien que ça mijote pas mal en ce moment). C'est pareil pour moi (mais comme pour un grand nombre de personnes je pense): ne pas juger n'est pas inné, tout le monde le fait. Mais le fait de s'en rendre compte, d'en avoir honte et de faire attention, c'est déjà un bon début je pense (en tous cas c'est faire bien plus que la majorité des gens).
Et si tu veux continuer d'échanger, surtout n'hésite pas ! :D
C'est un sujet complexe. J'aime bien me dire "féministe" aussi mais beaucoup me sautent alors dessus en répliquant "tu parles d'une féministe femme au foyer (sans enfants - jamais ^^) qui se repose sur les revenus de son mari". Ça fait tout de suite mauvais genre, ou passe pour "contradictoire". Mais pourtant être féministe c'est basiquement vouloir l'égalité homme/femme dans tous les domaines et à tous les niveaux. La liberté de faire ce qu'on veut de son corps, de sa vie, etc... qu'est ce qui m'empêcherait donc de ne pas travailler ? Pourquoi la féministe doit avoir cet aspect de femme-guerrière ? Je peux être féministe et pleurer devant un film, être féministe et ne pas voter. Oui je veux les mêmes droits pour tous mais j'ai aussi la liberté de choisir comment je veux vivre ma vie. Profiter de certains droits qui me sont offerts et en laisser d'autres de côté qui ne vont pas collés à mon style de vie mais que d'autres femmes pourront exploiter. Donc oui, on peut être féministe et porter la mini jupe. C'est une mentalité avant tout, un ressentit profond au quotidien d'injustices par exemple. C'est presque personnel et émotif. Ma mère par exemple, quand j'étais petite, me demandait de lui rendre service en faisant la vaisselle parce qu'elle était débordée. Il m'ai arrivé de lui répondre "demande à mon frère, je suis occupée". Et bien non ! Elle grognait, me reprochait de ne pas vouloir l'aider et allait faire la vaisselle alors que mon frère était disponible. J'avais parfois même le droit à un "c'est pas pareil, c'est un garçon". Ca m'a toujours scandalisé !!! Je m'énervait très vite dans ces moments là en répondant des choses comme "et alors, il n'a pas de mains ??!!!". La discussion était (et est) toujours impossible sur ce sujet. Ma mère à une vision archaïque des choses et ne voit pas ce qu'il y avait de mal dans son comportement avec nous étant enfant. C'est comme entendre dire que "les gros mots c'est vilain dans la bouche d'une fille" - et donc pas choquant dans la bouche d'un garçon. C'est sur ce genre de petites choses du quotidien que j'ai commencé à me dire "je suis féministe", mais honnêtement je n'aime pas cette étiquette. (Aucune d'ailleurs) Enfin bref, c'était mon petit ressentit du soir ^^
RépondreSupprimerPS: oui la phrase de ce type sur twitter est d'une bêtise sans nom on est d'accord. Ça ne mérite même pas de réponse à ce stade....
Je ne pense pas qu'être féministe soit une étiquette. C'est juste un terme pour définir notre position quant à l'égalité homme/femme, un mot pour qualifier nos convictions. Je suis totalement d'accord sur le fait que l'on peut être féministe et femme au foyer, à partir du moment où cela reste un choix personnel ! Être féministe n'impose pas d'aimer certaines choses ou non, ou bien d'avoir un certain style.
SupprimerMais malheureusement beaucoup de gens n'ont toujours pas compris cela :(
Hey
RépondreSupprimerPour commencer, je dois te dire que ton article m’as fait énormément plaisir, car même si le féminisme est une valeur/cause de plus en plus répandue et défendu, ça rare de voir quelqu’un de notre âge en parler librement sur quelque chose d’aussi visible/publique qu’un blog.
Ensuite, cela m’as fait sourire, car j’ai eu une discussion avec mon meilleur ami cet après-midi concernant le féminisme justement durant laquelle il s’est vraiment déclaré comme étant féministe (C’est ti pas beau ça ? ❤) Et c’est tellement rare d’entendre ça venant d’un mec, que ça m’as touché. Et paradoxalement, je me suis sentie mal d’avoir été touchée, car si on était dans un monde parfaitement égalitaire, ça me serait passé au-dessus, ce serait quelque chose de normal d’entendre un mec dire ça…
Mais comme tu le dis, on en est pas encore là, et il y a des gens aujourd’hui qui considèrent que les progrès qui ont eu lieu ces dernières années sont déjà suffisant et que nous devrions arrêter de nous plaindre et de vouloir toujours plus d’égalité… (Véridique, vu sur Arte il y a quelque jours, et cette femme réduisait aussi le harcèlement sexuel à de la drague lourde… )
Donc, pour le moment, le féminisme a besoin du plus de personnes qui l’expliquent, qui le répandent, qui le défendent. On a besoin de plus de bébé-féministes ;)
Et concernant l’autre niais sur Twitter, c’est le genre de personne à qui j’aurais conseillé d’aller voir la dernière vidéo de Marion Seclin « #TesFéministeMais... tu suces ? » qui explique parfaitement en quoi les paroles de ce cher monsieur sont … bullshit ! D’ailleurs, je conseille fortement à tout le monde, pour mieux comprendre le féminisme, et en quoi il est indispensable aujourd’hui !
Bon, je vais arrêter là, même si il y a tellement plus de choses à dire !
C'est tellement rare d'entendre un mec se dire féministe ! (et c'est cool) C'est pour cela que j'essaie d'écrire à ce sujet, pour essayer de faire réfléchir les gens et (soyons follement optimistes) les faire changer d'avis et réaliser vraiment ce qu'est le féminisme (et aussi parce que j'ai énormément de choses à dire là-dessus).
RépondreSupprimerJ'ai vu (plusieurs fois même) la vidéo de Marion Seclin. C'est bête de dire cela, mais elle m'a rassuré quant à mon positionnement, à mon attitude vis à vis du féminisme. Cela peut paraître bête, mais il m'est déjà arrivée de me poser des questions sur les points qu'elle aborde dans la vidéo (maintenant j'ai arrêté de m'en faire).
Merci pour ton commentaire en tous cas ! :D
Alalala! Je vais de bonnes surprises en bonnes surprises!
RépondreSupprimerComme toi, dès toute petite je fonctionnais un peu comme une féministe. Sans connaître le mot en revanche. Je vois de toute façon à travers les héroïnes de mon enfance de grandes féministes (Xéna la guerrière (premier amour de ma vie) et Buffy). Des personnages incarnant des femmes fortes, des soldats dans un sens, avec de lourdes responsabilités, humbles et pas pour autant affranchies des hommes pour Buffy. Des femmes, telles que je voulais en devenir une fois adulte. Des femmes un peu comme ma Maman. Comme toi, le schéma familial a beaucoup joué. Ça et une solide curiosité, de la culture à n'en plus finir et des préceptes très proches de ceux que tu as entendu. Ma mère disait de ne jamais dépendre financièrement de qui que ce soit. Bien consciente je crois que l'on est presque tous amenés à dépendre un jour ou l'autre de quelqu'un, moralement, affectueusement, etc... ce qui nous échappe en fait.
En aucune façon je ne comprends que l'on puisse considérer le terme de féministe comme une insulte. Ça m'achappe réellement. C'est pourquoi lorsque l'on m'a un jour invectivée "toi t'es une sale féministe", je n'ai pas compris. Comment peut-on nous reprocher d'oeuvrer dans l'idée d'égalité des genres, dans la déculpabilisation des corps, dans la désexualisation des silhouettes, dans l'égalité des droits et des devoirs? Ça n'a aucun sens.
Être féministe à mon sens c'est se montrer profondément humaniste. Être féministe ça ne veut pas dire rejeter les hommes, ça veut dire vivre avec eux, et faire en sorte que l'on gomme, que l'on lisse les inégalités. Je ne veux pas enlever leurs droits aux hommes, je veux me hisser à leur niveau de droits. Je veux une libération des corps, un non-jugement des pratiques. Je ne suis pas d'accord avec tout le monde et je pense être profondément intolérante envers certaines personnes (genre les homophobes que l'ond evrait requalifier de mis-homosexuel/les car la phobie n'a rien à voir avec ça).
Je trouve un grand écho à mes paroles et façon de penser dans ton article. C'est vraiment agréable.
Merci.
Bisette!
Ton article est vraiment très intéressant et rejoins parfaitement ma vision du féminisme. De plus en plus, les discours féministes deviennent extrêmes et commencent à me gaver... On dirait presque que ce mode de pensées, voire de vie, est à la mode et qu'une femme le devient parce que c'est dans l'air du temps.
RépondreSupprimerPour moi, le féminisme, c'est l'égalité homme-femme. C'est apprendre à certains hommes à traiter une femme comme un ~etre humain et pas comme une bête sauvage, avide de sexe. Je pense que le jour où les différents mouvements qui existent arriveront à faire rentrer ça dans certaines caboches, le Monde (et surtout les femmes) se porteront mieux !
En tout cas, chapeau, ça fait du bien de lire quelqu'un qui a la tête sur les épaules, qui ne mélange pas féminisme et extrêmisme (parce que oui, je pense que ça existe) et qui ose en parler à coeur ouvert (parce que oui, c'est tellement à la mode que ça en presque tabou d'en parler) !